vendredi 29 avril 2011

Makno Polaroil



Avant de présenter Makno Polaroil, il nous faut rappeler que le Moto Club Polaroil a été créé pour servir La Cause, telle qu'elle est présentée dans les Statuts. Toute l'action du MCP doit servir La Cause, sans faux pas idéologiques contre-révolutionnaires. A ce titre, le recrutement de Makno Polaroil s'imposait comme une évidence. Son parcours militant parle pour lui : engagé très jeune dans des groupuscules collectivistes mayennais, il s'investit plus tard dans le combat syndical, acquérant de solides compétences dans le maniement de la dialectique révolutionnaire. Il poursuit sa formation idéologique par de fréquents voyages d'étude en Ukraine, avec le Chef, ou à Berlin en compagnie de jeunes recrues. La Cause ne saurait trouver plus fidèle promoteur. Sa monture, le Sukhoi, est elle-même un outil de propagande destiné à porter haut le message du MCP, malgré les trajectoires de mygale qu'il lui inflige. En effet, Makno a trop souvent tendance à rouler à gauche.

Valdo Polaroil



Transfuge du milieu scooteriste, Valdo put prétendre à l'admission au Moto Club Polaroil grâce à son obstination à rouler sur des baignoires sabots italiennes en tôle des années soixante. En effet, il affectionne tout particulièrement le moteur anémique, l'absence de freins et l'équilibre précaire de ces montures élégantes. En dehors de ça, il roule sur une machine d'exception, elle aussi italienne, que d'aucun qualifieraient de brêle de garçon coiffeur.

Cependant, ce n'est pas son parc roulant et moyennement roulant qui a su propulser Valdo à la place convoitée de Responsable du Service Ethique et Déontologie du MCP, pas plus que ses compétences mécaniques qui, si elles ne demandent qu'à s'accroître, restent rudimentaires. Non, son ascension fulgurante au sein de l'organigramme est liée à sa grande finesse d'analyse, à son sens de la répartie, comme à l'extrême rigueur de ses principes moraux. Certes, les langues acides des rivaux éconduits susurrent encore qu'il doit sa place à son infatigable capacité à flatter le Chef, et au fait qu'il boive autant que lui. La bave visqueuse de ces crapauds purulents ne sauraient ternir la réputation d'un élément si prometteur, et le Chef a tenu à renouveler sa confiance à Valdo, en lui proposant la direction de la Section Ibérique du Moto Club Polaroil, qui s'ouvrira prochainement à Madrid.

La CB du Chef



Force est de reconnaître qu'elle avance à un petit rythme. Néanmoins, j'ai trouvé le temps d'accomplir quelques menus travaux. Par exemple, les roulements de roue arrière crissaient comme un sandwich tombé sur la plage. Eh bien, je les ai remplacés par des neufs. Ce ne fut pas sans mal, étant donné que leur accès est barré par une sorte d'écrou cylindrique, dont la seule prise consiste en quatre trous à sa surface suggérant l'utilisation d'une clé à ergots. Si, vous savez bien, le genre de clé qu'on a jamais dans les bonnes dimensions. Par ailleurs, j'ai pu noter que ledit écrou était maté de quatre petits coups de poinçon, destinés à empêcher son dévissage intempestif. Là, c'est sûr, il faudrait au moins la conjonction d'un tremblement de terre de niveau 8, d'un choc thermique consécutif à une canicule suivi d'une ère glaciaire soudaine pour que ça bouge d'un demi-micron. Sauf que pour le dévisser, sans la clé idoine, j'ai fort élégamment utilisé un petit chasse goupille placé tangentiellement à l'écrou. Inutile de dire que j'ai bien ruiné les empreintes des ergots, et que j'ai du frapper comme un sourd pendant 30 mn pour pouvoir dégager cette chi*** d'écrou. Ensuite, il m'a fallu sortir les roulements morts , toujours en frappant comme un demeuré avec un jet, j'aime la mécanique de précision.

J'ai prélevé les roulements neufs dans le tiroir de l'établi, reste d'un don de Manolo du temps où nous roulions tous les deux en 650 XS, snif. Petit coup de lime sur l'entretoise qui a un peu souffert et je remonte le tout, puis me mis en recherche de l'axe de roue arrière, de ses entretoises et de ses tendeurs de chaîne. Après avoir retourné toutes les caisses de pièces du garage Polaroil, je dus me rendre à l'évidence. Je ne les avais pas. Heureusement, Manolo, encore lui, me tira de ce mauvais pas en m'offrant un axe zingué de frais, muni de ses breloques. C'est en tentant de l'insérer que je maudis le zingueur. S'était il endormi pendant l'électrolyse ? Toujours est-il que le zinc, micron après micron, s'était déposé en couches si épaisses que je ne pouvais plus insérer l'axe dans les roulements. C'est au papier de verre que j'éliminai patiemment la couche de métal surnuméraire.

Le freinage arrière était lui aussi dispersé : j'avais les mâchoires, le flasque, la biellette de commande, mais il me manquait les ressorts et le système de maintien des mâchoires sur leur axe. Pas de problème, je cannibalisai le flasque d'une Honda CM 250, dont la majorité des organes ( donnés par Lydéric ), équipent maintenant un bitza japono-soviétique au milieu de l'Ukraine.

( Photo : Bogdischumi sur son extraordinaire SuzHondIzh )

Je dérouillai ensuite la partie interne de la jante à l'aide d'un touret offert par Valdo, achetai un pneu, et une chambre à air. Un fond de jante en duct tape, ce n'est pas élégant mais les fonds en caoutchouc sont devenus introuvables, et je remontai le pneu en un temps record, sans jurons, sans doigts pincés, sans même de difficultés à insérer la valve dans son logement. Pas normal, ça, je le paierai un jour.


La machine est maintenant sur ses deux roues, j'ai enfin reçu les pots d'échappement, je vais pouvoir commencer le remontage du moteur et du faisceau électrique. Le faisceau ? Où est le faisceau ? A près avoir retourné l'ensemble des caisses de pièces du Garage Polaroil, je dus me rendre à l'évidence. Je ne l'avais pas.